E vê que ele mesmo era
A Princesa que dormia.
(Eros e Psique, Fernando Pessoa)
I
PAR L’ODEUR DE LA NUIT,
AU JARDIN DES ENDORMIS,
J’AI POURSUIVI MON CHEMIN.
AU MILIEU DE MON “DESTIN”,
TISSÉ PAR DE FAUSSES ÉTOILES,
J’AI PRÉVU MON FINAL.
À CÔTÉ D’UNE FONTAINE DE LIERRE,
QUI MURMURAIT UNE BERCEUSE,
AVAIT VOS YEUX.
ILS SIFFLAIENT MON DESTIN,
EN ÉTOURDISSANT MON CIEL,
EN FILANT MA FORTUNE.
DANS MON ÂME TREMBLANTE
JE DESIRAIS LE SOLEIL.
LA LUNE DE VOS YEUX
A COULÉ MON CHÂTEAU DE SABLE,
FAIT POUR GARDER MES FANTAISIES.
J’AI ESSAYÉ DE FUIR
DE VOS YEUX DÉCOLORÉS,
MAIS MON CORPS ÉTAIT DEVENU
MON ENNEMI, MON DÉMON,
ET JE SUIS TOMBÉE DANS VOS BRAS.
II
QUELS YEUX!
DES YEUX QUI EFFACENT LE MONDE AUTOUR,
LÉGERS! QUI DÉBOUCHENT SUR MOI
ET ME RÉVELLENT DE MON SOMMEIL
AUTREFOIS ÉTERNEL.
YEUX DÉCOLORÉS QUI CHANTENT - POUR QUI?:
POURQUOI M’AVEZ-VOUS RÉVEILLÉE?
POURQUOI AVEZ-VOUS DECIDÉ D’ALLUMER
LA CHANSON QUE J’AI ENSEVELI
DANS LES OMBRES DU PASSÉ?
CRUELS YEUX, QUELLE DOULER D’ÉCOUTER ÇA!
CES PAROLES ME CRÈVENT LE COEUR!
ARRÊTEZ! SILENCE, JE VOUS EN PRIE,
POUR QUE LES MORTS NE S’EVEILLENT PAS!
OH, YEUX SÉRIEUX,
QUI PARLENT PEU, MAIS DISENT TOUT,
LAISSEZ-MOI!
JE NE VEUX PAS ÉCOUTER
LES BRUITS DE MON ÂME,
LES CRIS DE MON COEUR!
LAISSEZ-MOI ME DÉTOURNER DE VOTRE REGARD.
POURQUOI JE NE PEUX PAS
DANS MES ILLUSIONS
M’APPRIVOISER?
JE N’AI PAS LA FORCE POUR NAGER AUTOUR DE MON ESPRIT.
ET JE NE VOUDRAIS PAS ME PERDRE UNE AUTRE FOIS DANS CETTE MER.
ARRÊTEZ DE GELER MES MOUVEMENTS,
DE CHAUFFER MES SENTIMENTS!
YEUX IVRES QUI ME CHASSENT, QUI M’ARRÊTENT.
YEUX ASSASSINS, QUI TUENT MA RÉSISTANCE,
QUI ME CAPTIVENT DANS UNE CAGE D’OR:
POURQUOI SOUHAITEZ-VOUS MES AILES COUPER,
ET ME FAIRE DANS VOTRE MER TOMBER
EN CROYANT QUE C’EST LE CIEL
QUI M’EMBRASSE?
III
YEUX DÉCOLORÉS - POUR AIMER BEAUCOUP
OU POUR SOUFFRIR DE PLUS?-,
QUI ME DÉVORENT,
QUI ME PEIGNENT AVEC VOS COULEURS EN MOTS,
POURQUOI, JE VOUS DEMANDE:
POURQUOI VOTRE BOUCHE SAIGNE DE PAROLES
RECUEILLIES DU MONDE BLANC ET NOIR
QUI ME HANTE TELLEMENT?
VOTRE LIEU DANS LA FRONTIÈRE
ENTRE CE QUI EST ET CE QUI N’EST PAS
PORTE TOUTES LES PASSIONS DES ÂMES,
ET ÇA ME FAIT PEUR.
JE SUIS TRÈS JEUNE POUR COMPRENDRE ÇA.
MON ÂME D’ENFANT DORMAIT ENLACÉE PAR UN ÉLÉPHANT ROSE
QUI CARESSAIT MES CRAINTES ET ÉPOUVANTAIT MES FANTÔMES,
JUSQU’A CE QUE VOUS AVEZ EMBRASSÉ MES CAUCHEMARS.
MAIS QUAND JE REGARDE VOS YEUX,
SOUFFLÉS PAR L’ÉTRANGER,
MON COURAGE DE M’ÉCHAPPER DES VOS BRAS S’ENVOLE.
MES LARMES DISENT ADIEU ET ENDURCISSENT VOTRE EXPRESSION.
MES DERNIÈRES FORCES SONT ARRACHÉES ET JE TREMBLE ENFANTINE.
MON ACTE SUPRÊME EST M’ATTACHER A VOTRE OREILLE ET PÉPIER:
“JE SUCCOMBE, BEAUX YEUX!”
IV
VOS YEUX ME FONT RÉELLE,
EN PIERRE, OH MÉDUSE!
POURQUOI M’AVEZ CHOISIE?
D’OÙ M’ONT CONNUE, CES YEUX DÉCOLORÉS?
POURQUOI DÉSHABILLENT-ILS MES SECRETS?
POURQUOI ME CHANTENT-ILS COMME UNE MELODIE QUI RÉSONNE AUX ÉTOILES?
POURQUOI… POURQUOI… POURQUOI… MON DIEU?
CE QUI ME RESTE EST:
INTERROGATION SANS VOIX.
V
J’AI EU PEUR DE MOI MÊME, JE VOUS AI FUIT,
MAIS VOUS M’AVEZ DÉCOUVERTE
ET VOS YEUX M’ONT EMBRASSÉE
ET M’ONT FAIT VÔTRE.
YEUX DÉCOLORÉS, QUI M’ENREGISTRENT,
QUI ME CONSERVENT, QUI ME DÉVORENT,
DONT J’AI PEUR, QUE J’ADORE...
VOUS AVEZ SU COMME JE SUIS, QUI JE SUIS,
AVANT QUE, MOI MÊME, JE L’AI SUE...
JULIETTE SANS ROMÉO, ROSE SANS ARÔME, NUIT SANS LUNE...
UN REGARD PEUT REFLÉCHIR DEUX ÂMES?
C’EST POUR ÇA QUE J’AI PEUR DE ME LAISSER VOIR,
DE NE PLUS CACHER M’ ESPOIR.
ALORS, APPUYÉE PAR VOTRE REGARD,
JE CHERCHE MON DESTIN RÉEL,
SANS LE CRAINDRE,
SANS ME CRAINDRE.
VI
SI L’ÂME A DEUX YEUX,
UN POUR LE TEMPS ET AUTRE POUR L’ÉTERNITÉ,
AVEC LEQUEL VOUS ME VOYEZ?
OÙ SUIS-JE DANS VOUS?
PASSÉ? PRESENT? FUTUR?
SOUS LE JEU MAGIC DE VOS YEUX
JE ME PERDS, JE ME RENCONTRE,
MÉLANGÉE AUX ÊTRES ET SAVOIRS
QUI VOUS ORIENTENT
ET QUI ME DÉRÈGLENT LA RAISON.
YEUX QUI TOUT EXPRIMENT,
QUI ME FULMINENT, QUI ME FASCINENT...
JE VOUS DÉCLARE,
ARMÉE DE MES SENTIMENTS
ALORS POUR VOUS ÉVEILLER.
“REGARDER C’EST SE BRÛLER
COMME QUELQU’UN QUI REGARDE LE SOLEIL”.
QUE MES YEUX EN CHARBON ARDENT
PUISSENT COLORER VOTRE MONDE
ET HURLER UN REGARD POUR… TOI.
VII
NOS YEUX PEUVENT NE PAS ÊTRE ÉGAUX...
NI VOIR LES MÊMES CHOSES OU LES MÊMES COULEURS…
MAIS MES YEUX SONT TOUJOURS OUVERTS ALORS…
...ET REGARDENT LES TIENS...
EN AIMANT OU EN AYANT PEUR,
NOUS SOMMES UN SEUL ÊTRE A SUIVRE
LE CHEMIN DU JARDIN D’ÉTOILES,
ENLACÉS PAR UN DESTIN OUBLIÉ POUR NOUS
DANS LES PIROUETTES DE LA VIE.
COMME LE POET AVAIT PRÉVU,
DANS N’IMPORTE QUEL RÊVE,
DANS N’IMPORTE QUELLE LANGUE,
DANS N’IMPORTE QUEL EN MONDE...
...TU ÉTAIS EROS...
...ET J’ÉTAIS TA PSYCHÉ...
...AUX YEUX DÉCOLORÉS...
